Proximité : dimension institutionnelle

Je me suis attaché à souligner la dimension institutionnelle de la proximité. L’ " Ecole française de la proximité " s’est constituée à partir de 1991, au croisement de l’économie industrielle et de l’économie spatiale, parallèlement à l’affirmation en France de deux courants économiques hétérodoxes : la Théorie de la Régulation (TR) et l’Economie des Conventions (EC).

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Au cours des années 2000, une confrontation a persisté au sein de l’école de la proximité au sujet de la proximité non géographique, déclinée en proximité organisée dans une approche qualifiée d’interactionniste, ou selon une double notion de proximité institutionnelle et organisationnelle dans une approche présentée comme institutionnaliste. Il se dégage une tendance forte au sein des auteurs proximistes pour évacuer la notion d’institution tout en se revendiquant institutionnaliste.

Dans quelle mesure les discussions de l’Ecole de la Proximité entre les deux approches peuvent-elles être éclairées par les différences entre la TR et l’EC ? J'ai étudié cette question à partir du rappel des principaux auteurs institutionnalistes historiques, et en confrontant leurs approches des institutions, à la fois aux approches néo-institutionnelles ayant une conception utilitaire des institutions et aux approches interactionnistes et relationnelles fondées sur l’encastrement. J'ai examiné ensuite les relations entre la TR et l’EC : la controverse entre la TR et l’EC porte en particulier sur la nature des institutions et sur le fait que la coordination ne nécessite pas seulement une dimension cognitive mais qu’elle revêt un caractère politique fondé sur des conflits et des compromis. Enfin, je me suis demandé à partir de conceptions s’originant respectivement dans l’individualisme méthodologique pour l’EC versus un holisme ayant évolué vers un hol-individividaliste pour la TR, si on peut sortir d’un holisme vulgaire et quelles en sont les conséquences pour l'approche de la proximité.

Il convient de rechercher comment une conception renouvelée de l’institution, s’inspirant notamment de l’institutionnalisme historique, peut prendre en compte la capacité d’action des individus, le rôle des innovations locales et la conduite des stratégies de changement.  Ainsi, c’est paradoxalement la capacité à ne pas être enfermé dans une proximité géographique qui autorise le développement de territoires non métropolisés, et c’est ce qui peut expliquer par exemple la relative vitalité d'entreprises implantées en milieu rural, dès lors que l’accès à des ressources est favorisé par l’appartenance à des réseaux extra-locaux. Dans ces cas, le bénéfice de ressources diverses apportées par le réseau peut s’articuler avec la confiance générée par la proximité locale (attachement de la main d’œuvre à la place de la concurrence exacerbée des bassins métropolitains, possibilité d’un marché pour des biens intermédiaires permettant de tester des produits à grande échelle auprès d’autres entreprises…).

Doré G., 2009, " La proximité au prisme du débat entre " conventionnalistes " et " régulationnistes " : un institutionnalisme sans institutions ? ", Journées de la Proximité, Poitiers, octobre