Etienne Le Norcy, 2015, Des élites d'après-guerre à la génération des années 68 en Bretagne

Etienne Le Norcy, 2015, Des élites d'après-guerre à la génération des années 68 en Bretagne

Etienne Le Norcy, 2015, Des élites d'après-guerre à la génération des années 68 en Europe : Héritage et transmission du régionalisme modernisateur breton (1963-1973). Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3, Institut d’études européennes, Master 2 Recherche Etudes européennes.

A partir du début des années 1960 jusqu’en 1973, ont fonctionné dans des établissements scolaires du 2nd degré, principalement catholiques, en Bretagne (et pendant une brève période en Maine-et-Loire) des Groupes d’études économiques et sociales (GEES), Ces GEES, composés le plus souvent de 10-15 membres, avaient pour objet de réaliser des enquêtes socio-économiques sur des thèmes de l’environnement local tels que le tissu économique (agriculture, industrie, attraction commerciale) ou les loisirs. Accessoirement, ils offraient une activité aux jeunes internes pendant leur après-midi de congé hebdomadaire. Le travail de chaque groupe était encadré par un « adulte-conseiller », généralement professeur dans l’établissement, préoccupé par l’avenir des jeunes qu’ils formaient et souvent destinés à l’émigration en dehors de la Bretagne.

La question du développement (de la Bretagne) est centrale dans les objectifs des GEES. Elle est confortée par l’évolution du catholicisme après le Concile de Vatican II et par les encycliques papales, notamment Populorum progressio (1967), mais les GEES doivent trouver leur place aux côtés des mouvements spécialisés de l’Action catholique (JAC, JEC…).

Une coordination régionale existait et donnait lieu à l’organisation de congrès et de stages faisant intervenir personnalités politiques et experts.

Le contexte politique des années 1960 en Bretagne qui va influencer les GEES, est marqué par l’évolution du régionalisme, notamment autour du CELIB. Celui-ci va se diviser à partir de 1963 autour du soutien ou non à un projet de loi-programme (abandonné par le parti gaulliste majoritaire). Cela va favoriser l’hégémonie du courant centriste porté par René Pléven, président du CELIB, sur l’expression régionaliste de la période, cependant qu’une dissidence de gauche apparaît avec le géographe Michel Philponneau qui animait la commission d’expansion économique du CELIB. La fin des années 1960 et le début des années 1970 vont voir l’affirmation d’un régionalisme culturel (notamment autour de la langue bretonne), facilité par l’évolution du mouvement Bleun Brug (débarassé du comportement collaborationniste de ses dirigeants durant la 2nde guerre), voire une revendication d’autonomie de la Bretagne (cf. création de l’Union Démocratique Bretonne en 1964, attentats du Front de Libération de la Bretagne à la fin des années 1960 et au début des années 1970).

Parallèlement, ce courant s’inscrit dans la mouvance européiste, l’Europe étant perçue comme un moyen de desserrer la centralisation parisienne.

Le positionnement des GEES va ainsi glisser progressivement d’une posture de neutralité idéologique à un engagement reprenant les revendications régionalistes et de la gauche CFDT. Cette évolution a été favorisée à la fois par Mai 1968 et par les luttes ouvrières en Bretagne, notamment autour des usines décentralisées (dont la plus célèbre est celle du Joint français à Saint Brieuc).

En 2020, quel regard peut-on porter sur cette période, 50-60 après. L’émigration bretonne a laissé la place à l’attraction résidentielle de l’Ouest. Une certaine industrialisation s’est produite à la suite des décentralisations des années 1960 (même si certaines industries de main d’œuvre ont fermé et certaines restructurations se poursuivent) et s’est affirmée plutôt à l’Est de la Bretagne (Rennes, Vitré…). L’agriculture s’est considérablement modernisée, faisant face aujourd’hui à des aspirations de dé-densification et d’agriculture paysanne, cependant que les questions d’environnement et d’écologie s’affirment et sont confortées par la crainte de perte d’attractivité résidentielle.

On trouvera en fichiers joints le mémoire d'Etienne Le Norcy MemoireMemoire e le norcy gees e le norcy gees (2.53 Mo), la présentation des archives des GEES par Herménégilde Cadouellan Presentation archives gees h cadouellanPresentation archives gees h cadouellan (370.58 Ko). ainsi qu'une recension dans le mensuel "Le peuple breton" par le géographe Jean-Jacques Monnier Le peuple bretonLe peuple breton (175.85 Ko).

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